Le numéro 2 du PS sur l'environnement rallie Europe-Ecologie

Publié le par verts bergerac

pioché sur Médiapart, la nouvelle du jour, qui fait l'efffet d'une bombe au PS :

MEDIAPART, le 20 Octobre 2009, par Mathilde Mathieu.

C'est un coup dur pour le Parti socialiste, soucieux d'endiguer la poussée «écolo» et de gagner ses galons «verts» dans l'opinion: Eric Loiselet, secrétaire national adjoint à l'environnement, prend ses cliques et ses claques, pour rejoindre Europe-Ecologie. Ce responsable de la fédération de Haute-Marne, animateur du «Pôle écologique» du PS (1,6% des suffrages militants au dernier congrès de Reims), devrait officialiser son départ mardi 20 octobre, en début d'après-midi.

 Dans les prochains jours, le rassemblement de Cécile Duflot et Daniel Cohn-Bendit (alliage de Verts et d'associatifs) devrait le désigner tête de liste en Champagne-Ardenne, pour les régionales de mars 2010.

 «Sur l'environnement, le PS est en train de louper le coche, explique Eric Loiselet. Au mieux, il avance en réaction; au pire, il reste en "stand-by". Alors que la base avance, l'appareil est toujours empreint d'une culture productiviste, a dû mal à se départir de sa caricature "Hors croissance, point de salut"... Il perd de sa capacité à jouer les locomotives à gauche; aujourd'hui, la dynamique est indéniablement du côté d'Europe-Ecologie.»

 Eric Loiselet rejette «toute idée de trahison» et préfère résumer son évolution en ces termes: «J'étais socialiste écolo, je deviens écolo socialiste.» Il n'a d'ailleurs aucune intention de prendre sa carte chez les Verts: «Il faut dépasser les appareils», juge-t-il.

Évidemment, chez l'enrôleur, on boit du petit-lait: «Nous sommes très heureux de voir des gens nous rejoindre, même si notre objectif n'est pas de siphonner le PS, déclare ainsi Mickaël Marie, trésorier national des Verts, au nom d'Europe-Ecologie. C'est le signe que les lignes bougent, qu'on est porteur d'un vrai projet.»

 Les ralliements, de fait, se multiplient. Dimanche 18 octobre, Laurence Vichnievsky, avocat général près la cour d'appel de Paris, proche d'Eva Joly, a signé pour représenter Europe-Ecologie en Provence-Alpes-Côte-d'Azur aux prochaines régionales; en Haute-Normandie ou dans les Pays de Loire, des cadres de Cap 21 (parti de Corinne Lepage aujourd'hui au Modem) peaufinent leur place sur les listes; en Basse-Normandie, la conseillère régionale Pascale Cauchy, radicale de gauche, a franchi le Rubicon aussi...

 Sur sa lancée depuis les élections européennes de juin 2009 (16,3% des voix, juste derrière le PS), le mouvement inquiète forcément les socialistes – même s'ils ont parfois du mal à l'admettre.

 Ainsi Laurence Rossignol, secrétaire national à l'environnement, veut relativiser le départ de son adjoint: «Ce n'est symptomatique de rien du tout, assure-t-elle. Eric saisit surtout une opportunité politique... En période pré-électorale, ce type de comportement est récurrent.» En clair: Eric Loiselet se laisserait aguicher par une promesse de tête de liste. «Bien sûr, c'est désagréable de voir l'un des nôtres partir chez les voisins, mais de là à en faire un phénomène politique...»

 Eric Loiselet n'est pourtant pas sans reproche vis-à-vis de sa supérieure hiérarchique – même s'il salue «le boulot accompli sur la taxe carbone» et se félicite des amendements préparés in fine par le groupe PS à l'Assemblée (intégrant l'électricité à l'assiette et améliorant la redistribution aux plus modestes). «Laurence restera un mystère, souffle Eric Loiselet. Je ne sais pas bien ce qu'elle pense.» Au fond, elle n'aurait pas assez foncé, entretiendrait trop d'ambiguïtés. «Elle participe du phénomène de trou noir socialiste sur l'écologie», tranche Eric Loiselet, lassé «du petit jeu de pressions internes, visant à faire bouger une direction qui n'a jamais voulu ouvrir la discussion sur la politique énergétique, ni organiser la convention nationale qu'on nous avait promise.» «Désormais, je mise sur une stratégie de pression externe!»

 Au «Pôle écologique» du PS, on se veut compréhensif. «Je ne le vis pas comme un drame, déclare le député Christophe Caresche. D'autant qu'il ne serait pas parti, si Europe-Ecologie ne lui avait pas proposé une tête de liste.» Christophe Caresche reconnaît que «la question écologique reste encore un peu en jachère au PS», mais privilégie une stratégie inverse: «Il faut rester, au contraire; si on passe tous de l'autre côté, on ne laissera que des non-écolos au PS!» , grince-t-il.

 En attendant, il a monté avec les Verts un groupe de travail transpartisan à l'Assemblée nationale, le GAP (Groupement d'action parlementaire pour l'écologie), qui a rendu furax le patron des députés socialistes. Au PS, le Pôle écolo pèse 1,6% des voix, mais dérange, décidément.



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