Ryan Air à Bordeaux : concurrence pour 'aéroport de Bergerac ?

Publié le par verts bergerac

Dans Sud Ouest du 30 10 2008 :


TRANSPORT AÉRIEN. La compagnie irlandaise va bientôt relier Mérignac à Charleroi, Porto, Édimbourg et Bologne

Ryanair touche Bordeaux
L'arrivée de Ryanair devrait donner un sérieux coup de pouce à la fréquentation de l'aéroport de Bordeaux-Mérignac. ( archives i. louvier)
L'arrivée de Ryanair devrait donner un sérieux coup de pouce à la fréquentation de l'aéroport de Bordeaux-Mérignac. ( archives i. louvier)

Ryanair débarque à Bordeaux : Ken O'Toole, directeur du développement de la compagnie à bas coût, a annoncé, hier matin, l'ouverture de quatre nouvelles liaisons au départ et à l'arrivée de Mérignac. Charleroi sera desservi trois fois par semaine à partir du 17 décembre. Puis quatre allers-retours hebdomadaires seront proposés pour Édimbourg et Bologne, ainsi que trois pour Porto.

Ryanair, qui détient le premier rang européen en nombre de passagers transportés et qui dessert aujourd'hui quelque 150 aéroports du Vieux Continent, n'est pas, loin de là, un inconnu dans le Sud-Ouest. La compagnie relie ainsi Bergerac, Biarritz, Angoulême, Pau et La Rochelle à diverses villes britanniques, mais aussi à Marseille (au départ de Biarritz), où elle a installé en 2006 sa première base française.

Jusqu'ici, en revanche, jamais les Boeing 737 de Ryanair ne s'étaient posés à Mérignac, bien que des négociations aient été nouées de longue date avec la direction de l'aéroport. Mais, dans un premier temps au moins, Ryanair avait surtout concentré sa présence hexagonale dans de petits aéroports (Bergerac, Beauvais, Carcassonne...) qui se trouvent à son égard dans une situation de dépendance souvent forte. Au surplus, Ryanair jugeait les tarifs aéroportuaires de Mérignac, comme ceux des autres grandes plates-formes françaises, trop élevés à son gré.

Mais la situation a évolué ces derniers temps. Car, à l'instar de Lyon et de Marseille, Mérignac est en train de se doter d'un terminal spécialement dédié aux compagnies à bas coût, dont les tarifs seront inférieurs d'un tiers à ceux des deux halls existants. Par ailleurs, Ryanair, dont la clientèle était au départ très majoritairement britannique, n'a cessé de densifier sa présence sur le continent. Désormais, une bonne partie de ses lignes ne desservent pas les îles Britanniques. Et la compagnie ne peut développer de nouvelles routes à l'intérieur du continent en s'appuyant uniquement sur des aéroports de villes moyennes.

Le choix des liaisons bientôt assurées à partir de Mérignac n'est pas le fruit du hasard. Deux des quatre destinations, Bologne et Porto, étaient naguère desservies respectivement par la défunte compagnie Myair et par Air France. Et la ligne Bordeaux-Charleroi prend, en quelque sorte, la place d'une liaison Bordeaux-Bruxelles arrêtée il y a quelques semaines par Air France qui n'était pas parvenue à la rentabiliser.

Les dirigeants de Ryanair - qui ne brillent pas forcément par leur modestie mais dont la réussite est incontestable - se font fort de réussir sur ces liaisons, là où d'autres ont échoué. Pour ce faire, ils comptent sur les recettes maison qui ont permis à la compagnie de multiplier par six en dix ans le nombre de passagers transportés, tout en dégageant des profits substantiels.

Le principal ingrédient de ce succès est évidemment le prix bas. Ken O'Toole a évoqué, hier, un tarif moyen de 32 euros (aller simple par billet), mais il convient d'accueillir ce chiffre avec prudence. Car Ryanair s'y entend comme pas un pour facturer des suppléments, même si, pour le moment, son provocant patron, Michael O'Leary, semble avoir renoncé à son idée de faire payer le passage aux toilettes, comme d'ailleurs à celle de faire voyager les passagers debout.

Concours publics

Ryanair est aussi passé maître dans le renforcement de son image via des opérations promotionnelles comme celle qui a lieu jusqu'à demain soir minuit, et dans le cadre desquelles elle propose 1 million de billets à 15 euros.

Ken O'Toole a été discret, hier, sur les contributions promotionnelles qui seront demandées aux organismes publics et parapublics (CCI, offices de tourisme) pour aider à la fréquentation de ces nouvelles lignes. Mais la compagnie irlandaise, qui ne perd jamais une occasion de dénoncer le niveau des taxes françaises, n'hésite pas, par ailleurs, à fortement solliciter les concours publics. Ce qui est sûr, en tout cas, c'est que l'ouverture de ces nouvelles lignes, susceptibles, selon Ryanair, de drainer quelque 200.000 passagers, va faire du bien à l'aéroport girondin.

Déjà confronté à la perspective de perdre, à terme, une bonne partie de son trafic du fait du prolongement de la ligne à grande vitesse, Mérignac subit de plein fouet les effets de la crise : depuis début 2009, l'aéroport a perdu quelque 230 000 passagers, soit plus que ce qui peut être espéré des nouvelles lignes de Ryanair.

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